DOLBEAU-BANDIN Cécile
La
presse écrite française connaît et traverse une crise sans précédent : disparition
de France-Soir et de La Tribune, licenciements à Libération, baisse et érosion du
lectorat (surtout chez les jeunes), baisse des ventes au numéro et par
abonnement, concurrence accrue (magazines), diminution de la publicité et des
petites annonces, le numérique est une source de revenus mineure pour
la plupart des éditeurs de presse…
À partir de ce constat
rapide, plusieurs questions nous interpellent : la crise de la presse
française est-elle conjoncturelle ou structurelle ? La naissance en 2013
du quotidien L’Opinion annonce-t-elle
un regain ? En quoi et comment la presse écrite française se
transforme-t-elle ? La presse papier doit-elle disparaitre pour que la
presse écrite vive ou survive ?
Ici nous nous
intéressons aux changements actuels à travers l’analyse des quotidiens
nationaux d’information générale et politique français : Aujourd’hui en France, La Croix, Le Figaro, L’Humanité, Libération,
Le Monde et L’Opinion. Mon enquête qualitative combine deux techniques (recueil
de documents et entretiens non-directifs centrés).
Nous[1]
explorons le domaine de la presse écrite dans l’approche communicationnelle[2],
c’est à dire que nous observons l’émergence de sens en situation. Notre
objectif est donc de chercher comment naît, se met en place et évolue une
réalité journalistique à une époque donnée et à la faveur des technologies d’information
et de communication. Nous proposons une base de réflexion critique et
prospective sur les enjeux futurs que représente la presse écrite.
La nouveauté de cette
recherche se situe moins dans le thème que dans la façon dont il est appréhendé
théoriquement, méthodologiquement et épistémologiquement. Avec l’approche
communicationnelle nous « pensons le
monde » et les communications en termes d’interactions insérées dans
un système, ce qui exige un changement radical avec nos habitudes
intellectuelles (causalité linéaire…).
Cette approche
novatrice, ici appliquée à la presse écrite, permet d’apporter des réponses et
des grilles d’observation nouvelles.
[1] Notre recherche
s’inscrit dans la théorie sémio-contextuelle qui débouche sur l’étude des
transformations des contextes dans lesquels une communication prend son sens.
L’épistémologie compréhensive nous permet une appréhension des faits et du vécu
des acteurs.
[2] L’approche communicationnelle se propose d’analyser
les interactions qui dépassent le niveau interpersonnel et concernent tous les
domaines. Le systémisme et le constructivisme constituent les référents
théoriques principaux de cette approche.
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