Fredj Zamit
Mohamed Ali Elhaou
Au moment où la régulation de l’audiovisuel
en Tunisie se cristallise progressivement à travers la mise en place de la Haute
Instance de la Communication Audiovisuelle (HAICA), le domaine de la presse
écrite et électronique connaît différents dépassements déontologiques sans que
les acteurs concernés s’accordent sur les mécanismes d’autorégulation.
En marge
du débat sectoriel et social autour des pratiques éthiques des médias, la
question de la création d’un conseil de presse a été souvent évoquée sans pour
autant se concrétiser. Force est de constater que le processus de débat et de
négociation n’a pas encore été lancé de manière constructive. Les différents protagonistes
du champ médiatique national semblent d’emblée en désaccord sur les
prérogatives du conseil de presse. Le gouvernement demeure submergé par les revendications
et ladite société civile semble s’opposer à ce projet afin de s’inscrire
davantage dans une stratégie de notoriété. Des intérêts opposés et des
positions divergentes,à l’image de celles qui opposent le syndicat des
journalistes et celui des directeurs des journaux, obstruent la mise en place
du conseil.
En adoptantune approche compréhensive axée
sur la saisie des significations que les intervenants,aussi bien en tant
qu’individus qu’en tant qu’institutions, attribuent à leurs actions (Charmillot,
Dayer, 2007, 2012), la présente recherche vise à cerner les positions des uns
et des autres et leurs mobiles de divergence et/ou de réticence. Aussi, les
rôles de communication et de médiation des différents collectifs (Mucchiellli,
1998) étant défaillants, des entretiens seront réalisés avec les principaux
acteurs concernés (SNJT, FTDJ, Gouvernement, quelques représentants de la
société civile tels que le CTLP) afin de saisir leurs positions et leurs justifications
en ce qui concerne les difficultés rencontrées dans la création du conseil de
presse. Cette inaptitude à mettre en place un conseil de presse sera analysée
également à la lumière des discours des acteurs en question ainsi que leurs
milieux de production durant ces trois dernières années. Pour ce faire, nous
nous appuyons sur un corpus hétérogène comportant des rapports, des articles de
presse, des émissions télé et radio, etc. (Bonnafous, 2006).
Nous postulons que le contexte politique,
économique et social marqué, depuis janvier 2011, par les tiraillements et
l’invisibilité entrave en effetles situations d’échange entre les différents
acteurs du domaine et inscrit de ce fait leur posture dans des stratégies
d’allégeances favorisant l’élaboration des rhétoriques(Elhaou, 2010) plus que l’élaboration
du conseil de presse.Ce qui semble conforter cette hypothèse est l’incertitude
déontologique sévissant au sein même d’acteurs censés travailler ensemble. L’exemple
le plus illustratif de cette incertitude déontologique est celui opposant la
HAICA à l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE) en matière
de médiatisation des sondages d’opinion durant la bataille politique.
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