jeudi 16 avril 2015

L’institutionnalisation de la déontologie en Tunisie face à la logique des acteurs



Fredj Zamit

Mohamed Ali Elhaou

Au moment où la régulation de l’audiovisuel en Tunisie se cristallise progressivement à travers la mise en place de la Haute Instance de la Communication Audiovisuelle (HAICA), le domaine de la presse écrite et électronique connaît différents dépassements déontologiques sans que les acteurs concernés s’accordent sur les mécanismes d’autorégulation.
En marge du débat sectoriel et social autour des pratiques éthiques des médias, la question de la création d’un conseil de presse a été souvent évoquée sans pour autant se concrétiser. Force est de constater que le processus de débat et de négociation n’a pas encore été lancé de manière constructive. Les différents protagonistes du champ médiatique national semblent d’emblée en désaccord sur les prérogatives du conseil de presse. Le gouvernement demeure submergé par les revendications et ladite société civile semble s’opposer à ce projet afin de s’inscrire davantage dans une stratégie de notoriété. Des intérêts opposés et des positions divergentes,à l’image de celles qui opposent le syndicat des journalistes et celui des directeurs des journaux, obstruent la mise en place du conseil.
En adoptantune approche compréhensive axée sur la saisie des significations que les intervenants,aussi bien en tant qu’individus qu’en tant qu’institutions, attribuent à leurs actions (Charmillot, Dayer, 2007, 2012), la présente recherche vise à cerner les positions des uns et des autres et leurs mobiles de divergence et/ou de réticence. Aussi, les rôles de communication et de médiation des différents collectifs (Mucchiellli, 1998) étant défaillants, des entretiens seront réalisés avec les principaux acteurs concernés (SNJT, FTDJ, Gouvernement, quelques représentants de la société civile tels que le CTLP) afin de saisir leurs positions et leurs justifications en ce qui concerne les difficultés rencontrées dans la création du conseil de presse. Cette inaptitude à mettre en place un conseil de presse sera analysée également à la lumière des discours des acteurs en question ainsi que leurs milieux de production durant ces trois dernières années. Pour ce faire, nous nous appuyons sur un corpus hétérogène comportant des rapports, des articles de presse, des émissions télé et radio, etc. (Bonnafous, 2006).

Nous postulons que le contexte politique, économique et social marqué, depuis janvier 2011, par les tiraillements et l’invisibilité entrave en effetles situations d’échange entre les différents acteurs du domaine et inscrit de ce fait leur posture dans des stratégies d’allégeances favorisant l’élaboration des rhétoriques(Elhaou, 2010) plus que l’élaboration du conseil de presse.Ce qui semble conforter cette hypothèse est l’incertitude déontologique sévissant au sein même d’acteurs censés travailler ensemble. L’exemple le plus illustratif de cette incertitude déontologique est celui opposant la HAICA à l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE) en matière de médiatisation des sondages d’opinion durant la bataille politique.

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