jeudi 16 avril 2015

Presse écrite au Maroc : handicaps structurels et défi du web



Professeur Ahmed Hidass


Depuis l’indépendance, le paysage médiatique marocain obéit à une loi non écrite: l’audiovisuel pour l’Etat,  la presse écrite pour le privé. Avec l’arrivée de l’Internet, la partition se complique.
Média de masse et monopole d’Etat, l’audiovisuel a été ouvert au privé en 2005 avec une autorité pour sa régulation, la HACA. Mais circonscrit au discours officiel et au divertissement lambda, sa marge de liberté est réduite. D’où la désaffection du public et  son intérêt pour les chaines satellitaires.
Privée et partisane mais d’audience limitée, la presse écrite est le seul espace public ouvert et pluriel. D’où l’intérêt de l’étudier pour connaître son cadre institutionnel, sa réglementation juridique, ses lignes rouges, ses données et les difficultés que bravent les éditeurs  pour sa survie : harcèlement judiciaire, concurrence du web, structures fragiles etc. Les ventes se tassent et la publicité se dérobe.
 Comparée aux médias électroniques et au vu de l’analphabétisme du pays, la presse écrite marocaine est un média mineur. Captif de son indigence congénitale, il essaye, toutefois, d’anticiper sur  la crise et bascule vers le web. Nouveau business model ou clonage de l’édition papier ? Mutation à suivre ! Pour les autorités publiques, quelque soit le modèle, papier, hybride, en ligne, en free access ou fremium c’est  le même régime légal. L’approche papier est reconduite pour la presse en ligne. Et pourtant, celle-ci transcende les genres et les frontières.
En difficultés, mais nécessaire pour la diversité du paysage médias, la presse écrite marocaine bénéficie de subventions publiques. Mais elle reste de faible diffusion et constitue un non sens économique. L’étudier, à l’ère des réseaux sociaux et autres digital media, parait sans intérêt. N’empêche qu’elle est un cas d’école. Elle tranche par ses origines, ses éditeurs, ses ressources, son audience, ses atouts/faiblesses, sa « ligne éditoriale » et sa raison sociale.
La nouvelle Constitution adoptée, un nouveau Code de la presse et de l’édition est en projet. Le législateur compte abolir les peines privatives de liberté et doter presse et journalistes d’un Conseil national. Pour l’autorégulation du secteur ou pour sous-traiter la répression des délits de presse ? Question à suivre !

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