Professeur Ahmed Hidass
Depuis l’indépendance, le paysage
médiatique marocain obéit à une loi non écrite: l’audiovisuel pour l’Etat, la presse écrite pour le privé. Avec l’arrivée
de l’Internet, la partition se complique.
Média de masse et monopole d’Etat,
l’audiovisuel a été ouvert au privé en 2005 avec une autorité pour sa
régulation, la HACA. Mais circonscrit au discours officiel et au divertissement
lambda, sa marge de liberté est réduite. D’où la désaffection
du public et son intérêt pour les
chaines satellitaires.
Privée et partisane mais d’audience limitée, la presse
écrite est le seul espace public ouvert et pluriel. D’où l’intérêt de l’étudier
pour connaître son cadre institutionnel, sa réglementation juridique, ses
lignes rouges, ses données et les difficultés que bravent les éditeurs pour sa survie : harcèlement judiciaire, concurrence
du web, structures fragiles etc. Les ventes se tassent et la publicité se dérobe.
Comparée aux
médias électroniques et au vu de l’analphabétisme du pays, la presse écrite
marocaine est un média mineur. Captif de son indigence congénitale, il essaye,
toutefois, d’anticiper sur la crise et bascule
vers le web. Nouveau business model ou clonage de l’édition
papier ? Mutation à suivre ! Pour les autorités publiques, quelque
soit le modèle, papier, hybride, en ligne, en free access ou fremium
c’est le même régime légal. L’approche
papier est reconduite pour la presse en ligne. Et pourtant, celle-ci transcende
les genres et les frontières.
En difficultés, mais nécessaire pour la diversité du
paysage médias, la presse écrite marocaine bénéficie de subventions publiques.
Mais elle reste de faible diffusion et constitue un non sens économique.
L’étudier, à l’ère des réseaux sociaux et autres digital media, parait
sans intérêt. N’empêche qu’elle est un cas d’école. Elle tranche par ses
origines, ses éditeurs, ses ressources, son audience, ses atouts/faiblesses, sa
« ligne éditoriale » et sa raison sociale.
La nouvelle Constitution adoptée, un nouveau Code de
la presse et de l’édition est en projet. Le législateur compte abolir les
peines privatives de liberté et doter presse et journalistes d’un Conseil
national. Pour l’autorégulation du secteur ou pour sous-traiter la répression
des délits de presse ? Question à suivre !
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